Suicide assisté: Zurich sur le point de signer

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Suicide assisté: Zurich sur le point de signer

8 juillet 2009
Le canton de Zurich est sur le point de signer une convention avec Exit pour encadrer l'assistance au suicide. A l'autre bout de la Suisse, les Vaudois devront vraisemblablement se prononcer sur une initiative d'Exit, qui veut pratiquer l'assistance au suicide dans les EMS publics. Pour Thomas Wipf, président de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (Feps), « cela montre qu'une réglementation fédérale est nécessaire », a-t-il expliqué dans une interview publiée dans la "NZZ am Sonntag".

Divisé sur la question du suicide assisté, le Conseil fédéral va lancer une consultation sur différentes options, a-t-il annoncé à la mi-juin. Selon la Chancellerie fédérale, deux idées centrales sont à l'étude: fixer des garde-fous dans la loi pour encadrer la pratique actuelle ou interdire tout simplement les organisations d'assistance au suicide.


Pascal Couchepin, le ministre de l'intérieur, se prononce contre la « commercialisation » de telles pratiques, a-il expliqué fin juin à la télévision alémanique. Quant à Eveline Widmer Schlumpf, à la tête du Département fédéral de la justice, elle s'est exprimée dans la presse dominicale au même moment contre une interdiction pure et simple, mais pour une réglementation dotée d'un cadre strict.

Thomas Wipf défend la position des réformés sur cette question. Il se place sur la même ligne que celle défendue par Mme Widmer Schlumpf. Mais il fait un pas de plus : selon lui, « Exit et Dignitas ont fait leur temps ». Entretien:

NZZ am Sonntag: Les organisations d'aide au suicide peuvent-elles exister du point de vue réformé ?


Thomas Wipf: Ces organisations sont l'émanation de nombreuses questions que les individus se posent: comment vais-je mourir ? qui m'accompagnera et m'aidera à supporter la douleur, quand je serai sur le point de mourir ? Au moment de l'apparition des organisations d'aide au suicide dans les années 80, les patients n'avaient pas leur mot à dire en médecine et les soins palliatifs étaient inexistants. Aujourd'hui, les patients disposent de tout cela, et peuvent en plus définir les conditions de leur fin de vie. C'est pourquoi les organisations comme Exit et Dignitas ont fait leur temps.

Quel est selon vous le problème ?

Exit et Dignitas fonctionnent selon une logique commerciale et ne songent qu'à élargir le cercle des bénéficiaires de leurs prestations. L'Académie suisse des sciences médicales reconnaît uniquement le suicide médical assisté dans les cas de maladies, qui entraînent la mort dans les plus brefs délais. Exit et Dignitas s'adressent de plus de plus à des personnes fatiguées de la vie, des malades psychiques, et même des jeunes gens. Cette extension de l'offre est problématique et pose la question des fondements éthiques de notre vie en commun en société. A ce point du débat, l'Etat doit intervenir.

Avec une loi ou une interdiction ?

En cas d'interdiction, on risque de voir l'aide au suicide se développer dans l'illégalité. C'est pourquoi nous privilégions l'établissement de critères vérifiables du point de vue du droit et pouvant entraîner une sanction le cas échéant. L'assistance au suicide doit se limiter aux malades en phase terminale. De plus, l'assistance au suicide pratiquée comme un commerce comme c'est le cas aujourd'hui, doit être abandonnée.

La Conférence des évêques suisses et l'Alliance évangélique suisse sont favorables à une interdiction du principe même d'une aide au suicide.

Pour nous, les protestants, nous nous référons à trois principes [ndlr: pour raisonner dans ce dossier]: la protection de la vie, le droit à l'assistance et l'autonomie de l'être humain. En médecine comme dans le domaine de l'aide spirituelle, nous voulons dans la mesure du possible éviter le suicide. Mais si un individu en situation de détresse personnelle veut franchir le pas, nous ne le condamnons pas.

Que proposez-vous concrètement?

Il y a encore trop peu de places en soins palliatifs. Nous demandons l'inscription du droit aux soins palliatifs dans la loi. La médecine et la politique de la santé doivent davantage s'orienter dans ce sens. Les soins palliatifs permettent au patient de mourir accompagné, avec le moins de douleurs possible. Dans ce cas de figure, le souhait pour un suicide assisté s'atténue. Et en dernier recours, l'assistance au suicide pourrait être incorporée dans une perspective globale de soins et non pas déléguée à des organisations comme c'est le cas actuellement.

NOTE
l'interview de Thomas Wipf est publiée dans son intégralité avec l'accord de Markus Häfliger, journaliste de la « NZZ am Sonntag », qui l'a interrogé.
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