Vaud: Vers un enseignement interreligieux obligatoire

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Vaud: Vers un enseignement interreligieux obligatoire

28 septembre 2010
Les petits Vaudois ne devraient plus pouvoir sécher les heures de cultures religieuses à l'avenir. Le Grand Conseil a dit oui mardi à une motion qui veut rendre cet enseignement obligatoire. Claude Schwab, une des chevilles ouvrières de la méthode Enbiro, député socialiste et pasteur à la retraite, est l'auteur du texte. Vaud s'aligne ainsi sur Berne, Zurich et le Jura.

Par 83 voix pour, 16 contre et 17 abstentions, la majorité du Grand Conseil a donné son aval à la motion Schwab. Jusqu'ici facultatif, cet enseignement des connaissances religieuses, qui dépasse la stricte histoire biblique, va prendre place dans la grille horaire sous une forme qui reste à préciser. « Je suis surpris par l'ampleur du oui », a déclaré Claude Schwab à ProtestInfo.

Le député de l'Union démocratique fédérale (UDF), Maximilien Bernhard, aurait souhaité « une prééminence chrétienne plus marquée » de cet enseignement. « Trois quarts des Vaudois possèdent des racines chrétiennes », a-t-il précisé, tout en soulignant le respect dont les députés ont fait preuve pendant le débat. De l'autre côté de l'échiquier politique, la socialiste Pascale Manzini n'est pas ravie non plus par le oui obtenu par la motion, car elle plaide pour « la défense des valeurs laïques de l'école ».

Deux fronts renvoyés dos-à-dos

Le Vert Raphaël Mahaim a renvoyé les deux fronts dos-à-dos et plaidé pour « la voie du dialogue ». Selon lui, cette motion va dans le sens d'une « anticipation des incompréhensions » entre élèves de différentes cultures et religions. Dans la même veine, le député de l'Alliance du centre Jérôme Christen souligne que les élèves de toutes confessions pourront suivre à l'avenir cet enseignement sans plus recourir à des dispenses.

Dans les faits, la méthode Enbiro (Enseignement biblique et interreligieux romand) est employée depuis le début des années 2000 dans les écoles vaudoises. Conçue par une équipe interdisciplinaire, la méthode aborde les différentes religions existantes. L'enseignant peut invoquer la liberté de conscience pour ne pas dispenser cette heure de cours. Tout comme les parents qui sont autorisés à demander une dérogation pour leur enfant.

Le peuple aura son mot à dire

La balle est maintenant dans le camp du Conseil d'Etat. Ce dernier « devra moralement tenir compte du signal donné par le Grand Conseil », a déclaré Claude Schwab. Le caractère obligatoire de ces heures de cultures religieuses devrait donc figurer dans la nouvelle mouture de la Loi sur l'enseignement obligatoire (Leo). Cette dernière devrait être soumise au parlement d'ici la fin de l'année et au peuple le 13 février prochain en guise de contre-projet à l'initiative Ecole 2010.

« Les faits à l'école, la foi à l'église », a conclu le libéral Jean-Marie Surer, qui a toutefois soulevé la question de la forme de cet enseignement, intitulé « Ethique et Cultures religieuses » dans le Plan d'études romand (PER). M. Surer imagine l'intégrer dans un cours d'histoire, par exemple. Claude Schwab, lui, avoue privilégier l'option d'une branche propre, en tout cas au niveau primaire. Il se battra en tous les cas dans ce sens.

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Pour un regard sur la situation dans les autres cantons romands, lire le dernier article de Protestinfo sur le sujet.

Samuel Ramuz