«Et pourtant elle tourne!»: entre science et religion à la cathédrale de Genève

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

«Et pourtant elle tourne!»: entre science et religion à la cathédrale de Genève

Laurence Villoz
14 juin 2013
La cathédrale Saint-Pierre présente l’expérience du pendule de Foucault, samedi et dimanche, les 15 et 16 juin. En 1851, le physicien français Léon Foucault prouve que la Terre tourne sur elle-même grâce à son célèbre pendule. Une reproduction de cette œuvre oscillera ce week-end, dans le choeur de l’édifice genevois, entre science et foi.

«Cet événement est une manière originale d’aborder la question de la science et de la foi», explique le pasteur de la cathédrale Saint-Pierre, Vincent Schmid. Pendant deux jours, des présentations de scientifiques et de théologiens accompagneront la mise en mouvement du pendule de Foucault.

Un pendule de 18 mètres sera suspendu pour l’occasion dans le choeur de la cathédrale Saint-Pierre. Il a été réalisé par l’école d’ingénieurs de Genève. L’expérience consiste à le faire osciller.

«On a l’impression que le pendule change d’axe d’oscillation, mais en fait c’est le public rassemblé autour de lui qui tourne et prouve ainsi la rotation de la Terre sur elle-même», explique le physicien et pasteur Roland Benz. Au pôle Nord, le public ferait un tour complet en 24 heures. A Genève, les cinq lâchers dureront une dizaine de minutes. «Le public pourra déjà constater une différence de quelques degrés», ajoute le physicien.

Le pendule a été présenté par Léon Foucault (1819-1868) pour la première fois au Panthéon, en 1851, à Paris. Cette expérience a été reproduite au mois de juin de la même année dans la cathédrale Saint-Pierre de Genève, par des savants genevois dont le Général Guillaume-Henri Dufour (1787-1875). En 2001, cette démonstration avait déjà été réitérée par le physicien Bernard Favier, ancien doyen de l’Ecole d’ingénieur de Genève, à l’occasion de la Nuit de la science.

Preuve scientifique et question de foi

Parmi les conférenciers, Roland Benz abordera la question de la compatibilité entre foi et science chez un même individu. Il reviendra aussi sur la position de l’Eglise face aux premiers scientifiques qui ont découvert que la Terre tournait sur elle-même. «Il faut bien distinguer la science de la foi car toutes deux n’appartiennent pas au même cadre théorique». Ainsi, un phénomène religieux ne peut pas être interprété par la théorie scientifique et inversement. «Mais les deux peuvent aisément cohabiter chez une même sujet».

Prolongeant ce questionnement, Vincent Schmid présidera le culte du dimanche qui sera radio-diffusé. Il s’appuiera sur le texte chapitre 28 du livre de Job. Ce texte s’interroge sur la sagesse qui vient de Dieu et l’ingéniosité des hommes. Selon, Vincent Schmid, science et religion sont deux disciplines autonomes avec chacune leur rigueur et leurs outils. «Par exemple, utiliser la Bible pour attaquer Darwin est une mauvaise action», explique-t-il.

Les Salons Dufour

Cet événement est organisé par les Salons du Général Dufour. Créés en janvier 2011 par Patrimoenia, le volet culturel du bureau genevois Patrimoine & Gestion SA, ces Salons proposent mensuellement un événement en lien avec l’histoire et le patrimoine suisse de 1780 à 1880, abordé sous l’angle de Guillaume Henri Dufour. Ingénieur, urbaniste, cartographe, homme politique et Général de l’armée, cet homme a marqué l’histoire de la Suisse.

Ce week-end est organisé bénévolement en collaboration avec la paroisse Saint-Pierre, la Faculté des sciences de l’Université de Genève et l’école d’ingénieurs de Genève, entre autres.