L’Eglise de Genève propose des pistes pour sortir des turbulences

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L’Eglise de Genève propose des pistes pour sortir des turbulences

Laurence Villoz
17 juin 2013
Un plan de redressement sur six ans a été adopté. L'EPG devrait notamment voir passer le nombre de ses paroisses de trente à huit.


, Genève

«Si on arrive à passer les années 2013 et 2014, on s’écarte du pire», lâche la présidente de l’Eglise protestante de Genève (EPG), Charlotte Kuffer à l’issue du vote pour le plan de redressement. Dans le calme et sans grand débat, la quarantaine de membres du consistoire, réunis jeudi soir au Temple de Malagnou, a accepté, par une très large majorité, le plan qui permettra de réduire les dépenses de 3 millions d’ici six ans. Le budget annuel passera donc de 14 à 11 millions. Ces coupes budgétaires ne sont que les premiers jalons de son projet de redimensionnement.

En mars dernier, la presse avait fait écho à l’annonce d’un déficit d’environ 3 millions pour l’année 2012. Suite à cet appel à l’aide, l’EPG a reçu 710 000 francs de ses donateurs ainsi qu’un don inespéré de 1 million. «Nous sommes toujours dans le rouge mais c’est moins dramatique que ce que nous pensions», constate le responsable des finances, Eric Vulliez. L’Eglise doit encore recapitaliser sa caisse de prévoyance de 13,25 millions.

Le nombre de collaborateurs va donc progressivement diminuer de 80 à 50 employés, soit 40 équivalents temps plein d’ici 2020. Aucun licenciement n’est prévu. Actuellement, le canton de Genève compte 50'000 foyers protestants déclarés dont seulement 9'000 paient une contribution ecclésiastique. L’EPG, contrairement à la plupart des Eglises réformées, n’est pas soutenue par l’Etat. En plus de la diminution du nombre de postes, le plan prévoit d’augmenter de 3% le nombre de donateurs.

L’EPG a aussi demandé aux paroisses les plus fortunées de lui prêter de l’argent. «Certaines paroisses ont des biens, sur des comptes qui ne rapportent rien», explique Eric Vulliez. Cette démarche permet à l’institution d’emprunter à des taux moins élevés que dans les banques et aux paroisses de faire travailler leur fortune. Elle permettra une économie de 1 à 2 millions. De plus, des biens immobiliers seront vendus et d’autres loués.

Concentrer les forces

Très attendue, la présentation de la commission d’étude «Vision et priorités de la mission» a fait salle comble, vendredi soir: trente-six représentants des différents lieux d’Eglise ont élaboré des pistes pour sortir l’Eglise de Genève de la crise.

«La nouveauté de ce plan de restructuration, contrairement à ceux de 1997 et de 2005, est qu’il offre une vision de l’Eglise affranchie des logiques territoriales», explique Charlotte Kuffer, qui a pu découvrir l'étude seulement 24 heures avant le public. Concrètement, la trentaine de paroisses actuelles sera regroupée en six à huit dans le canton, dont une seule pour la ville de Genève.

«Cette réorganisation permettra de concentrer les forces face à la diminution du nombre de postes», explique le pasteur Albert-Luc de Haller, modérateur de la Compagnie des pasteurs et des diacres. De plus, pour s’habituer à travailler avec seulement 40 postes ministériels, contre 60 aujourd’hui, 20 postes verront leur mandat modifié dès janvier 2014.

Qu'attendez-vous de nous?

Au total, le rapport contient 27 propositions pratiques qui seront discutées durant les prochaines semaines dans les différents lieux de l’EPG. Ces propositions touchent la manière de célébrer un culte, la notion d’appartenance, la structure de la vie interne de l'EPG (paroisses, services, espaces...), la façon d'être présent dans la société, l’approche de la spiritualité, le renouvellement de la conception du financement de l'EPG, etc.

Sur le plan de la mission de l'Eglise, le rapport propose de la développer autour de marqueurs identitaires, comme la bénédiction, la spiritualité, la communauté, le témoignage et la solidarité. L’assemblée a salué la dimension spirituelle du rapport, mais est restée sur sa faim. «Concrètement, je ne sais pas très bien où on veut aller. Qu’attendez-vous de nous?» a demandé une personne dans le public. L’Assemblée du consistoire devra voter les premières propositions dès novembre 2013.

La présidente Charlotte Kuffer reste à la tête de l’EPG. Elle a été réélue à l’unanimité pour une année supplémentaire. A la fin de son mandat, en juillet 2014, elle cédera sa place au pasteur Emmanuel Fuchs.

Cet article est publié dans :

Dans le quotidien genevois "Le Courrier" le 17 juin 2013.