Église réformée vaudoise: le poids de la gouvernance

La gouvernance générerait de l'immobilisme. Image d'illustration. © iStock/erhui1979 / La gouvernance générerait de l'immobilisme. Image d'illustration. © iStock/erhui1979
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La gouvernance générerait de l'immobilisme. Image d'illustration. © iStock/erhui1979
La gouvernance générerait de l'immobilisme. Image d'illustration. © iStock/erhui1979

Église réformée vaudoise: le poids de la gouvernance

1 avril 2021
Pris entre la lourdeur institutionnelle et la volonté d’innovation, l’exécutif de l’Église réformée vaudoise consulte son parlement pour sortir de l’impasse.

La «glu institutionnelle» aura-t-elle raison de la mue de l’Église? Elle génère en tous cas de l’immobilisme, à en croire l’exécutif de l’Église évangélique réformée vaudoise (EERV). Dix-neuf mois après son entrée en fonction, c’est un Conseil synodal (exécutif) apparemment désemparé qui a donc réuni les délégués au Synode (organe délibérant) pour deux soirées d’échanges en visioconférence, les 22 et 26 mars, sur la question des dotations (répartition des ressources humaines, en particulier des ministres du culte, tributaire des subventions allouées par l’État pour une période de cinq ans) et de la gouvernance. L’objectif: prendre la température du synode sur des sujets sensibles et imaginer ensemble des pistes pour aller de l’avant. Un pointage qui prépare surtout le terrain des débats et décisions à prendre lors du synode de juin.

Les pistes de décollage

Aujourd’hui, cette «glu institutionnelle que nous sécrétons et dont nous héritons», évoquée par le conseiller synodal Jean-Baptiste Lipp, freine la mise en œuvre du programme de législature, selon l’exécutif.

Pour rappel, la feuille de route de l’exécutif a été validée en décembre dernier par le synode. Depuis, sur le terrain, à l’échelon régional et paroissial on se relève les manches pour la concrétiser. Et le défi est de taille: il implique de favoriser les formes innovantes de communautés ecclésiales tout comme les communautés paroissiales existantes. Le tout pour permettre à l’EERV de rester pertinente pour le plus grand nombre dans une société diversifiée et individualiste dans laquelle les offres alternatives fourmillent. Une démarche qui passe, selon le programme, par un accompagnement de ce qui existe, un renouvellement et du renoncement, avec dans le viseur le lien et le travail avec les familles, ainsi que la transition écologique, sociale et spirituelle.

Ce vaste chantier s’est entamé sur fond de difficulté de repourvue des postes et d’une enveloppe de subventions allouées par l’État de Vaud à répartir entre les différents lieux d’Église. Mais c’est le système de gouvernance de l’institution qui constitue l’obstacle à l’innovation, selon l’exécutif. Car si le changement est nécessaire, voire urgent, il doit se faire dans le respect du Règlement ecclésiastique (RE).

Et c’est là que le bât blesse. Plus qu’un cadre, les règles et autres procédures en vigueur empêcheraient l’innovation sur le terrain et créerait de l’immobilisme. Face à cette impasse, la solution réside, pour l’exécutif, dans l’allégement des structures. Sur la base des témoignages récoltés sur le terrain de l’Église vaudoise et des premiers échanges en petits groupes de la première soirée synodale du 22 mars, le Conseil synodal est revenu pour la seconde avec plusieurs pistes.

Lâcher du lest

L’une en particulier a suscité de vives réactions: l’allègement pourrait passer par une suspension du RE dans trois domaines que sont de la vie des Régions (instances fédératrices des lieux d’Église), l’organisation des offices et des services de l’EERV et les rites, a suggéré l’exécutif.

Outrepasser le règlement? Impossible pour une partie des délégués, qui voit dans le RE le dernier garde-fou: «Si nous n’avons pas de limites, nous pourrons tout accepter. C’est une catastrophe!» lâche le délégué Henri Laufer. À l’opposé, Liliane Rudaz rappelle que face à l’importance de l’innovation, «nous devons surtout avoir à cœur l’esprit du règlement, et nous permettre la liberté et la prise de risque». Plus vigilant, Michel Henry, lui, se réjouit d’être dans «une Église d’expérimentation, dans laquelle nous pouvons nous permettre de déborder du cadre, si ça peut aider à trouver des solutions. Reste à savoir quels seraient les garde-fous.» Enfin, le délégué Marc Bovet coupe la poire en deux: «Je suis pour l’allégement permettant d’aller de l’avant, mais il faut trouver autre chose qu’une suspension.» Avancer, oui, mais pas à n’importe quel prix. Un minimum de cadre légal est donc largement plébiscité en plénum, dans un cadre purement consultatif, rappelons-le.

De son côté, l’exécutif a également proposé la mise en place d’un groupe de liaison entre les instances de l’Église pour favoriser le dialogue, que personne n’a rejeté, et un budget supplémentaire pour financer des postes d’accompagnement des innovations sur le terrain, mais aussi pour décharger l’exécutif de certaines tâches courantes et jugées trop techniques. Cette proposition n’a pas fait l’unanimité. Plus qu’une prise de température du Synode, l’exécutif aura en tout cas donné la sienne en annonçant ses limites. La balle est désormais dans le camp du Conseil synodal, qui devra revenir en juin avec des propositions à soumettre au vote.

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